Vous avez peut-être déjà croisé cette image, qui circule sur les réseaux sociaux, afin de démontrer la dégringolade de notre génération, par rapport à nos prédécesseurs. Le « c'était mieux avant ».
Cette image, ou plutôt, ces images, car il s'agit plus précisément d'un pêle-mêle d'images, sont effectivement très amusantes, car on y voit une comparaison entre des photos actuelles, sur plusieurs aspects de notre vie, et des images plus anciennes, sur les mêmes aspects.
Dans un premier temps, j'ai beaucoup ri de cette succession de photos incroyables, que m'avait envoyé mon père via Whatsapp, un soir de confinement. Je vous dévoilerai ces photos au fur et à mesure des articles.
Voici une série d'articles sur chaque couple de photos, pour découvrir ce que cela nous inspire...venez avec nous et parcourrez le gouffre intergénérationnel en lisant le premier article sur la mode féminine!
Episode 1: La mode féminine
Ces images m'ont longtemps trotté dans la tête : Quelle dégringolade ! Nous avons perdu beaucoup de nos valeurs!
Et puis, à force d'y réfléchir, j'y ai vu autre chose…
Suivez-moi dans mes réflexions sur chacun des situations proposées dans ce pêle-mêle. Ce qu'elles m'ont inspiré lors de leur découverte, puis en seconde lecture, qu'est ce que j'en ai pensé grâce à une analyse plus poussée. Vous pourrez réagir également via le formulaire de contact.
Commençons par le premier couple d'image.
On y voit, sur l'image ancienne, titrée "1950", plusieurs très belles femmes, admirablement bien habillées, coiffées et maquillées, dans le style des années 50. Elles portent chacune une robe printanière, de coupe différente dans des tissus fleuris, ou dans les tons pastel. Des robes très cintrées, qui mettent en valeur les hanches et la poitrine.
Cette photo est apparemment tirée d'un catalogue de mode féminine.
En face, sur la photo actuelle titrée "2020", on peut voir des jambes, vraisemblablement féminines, habillées de pantalons en jean troués. Les poses semblent avachies sur une banquette de transport en commun. On peut imaginer que ces jeunes femmes sont dans un bus ou un métro.
Première impression: A la vue de ces photos, quelle chute vertigineuse!
J'admire beaucoup, comme sans doute beaucoup d'entre nous, la beauté des femmes des années 50. Ces silhouettes ultra-féminines, ces tenues cintrées, qui mettent en valeur les formes des femmes : la taille amincie, la poitrine en avant, les hanches larges. Les jupes au genou, avec les talons hauts qui font des jambes longues et galbées. Et les coiffures! Des boucles souples, qui encadrent le visage et ne bougent pas de la journée. Le maquillage sophistiqué, qui met en avant une bouche sensuelle, des yeux profonds et des pommettes rougissantes. Les ongles parfaits peints en rouges. Bref, la féminité dans toute sa splendeur.
On peut donc regretter ce temps où les femmes prenaient le temps de prendre soin d'elles, d'aller chez le coiffeur chaque semaine pour leur mise-en-pli. Le temps où le prêt-a-porter n'existait pas et où chaque vêtement avait de la valeur, était choisi avec soin. On prenait soin des choses et on prenait son temps.
Et la chute avec la seconde image est vertigineuse : sur cette seconde image, la féminité est niée, noyée sous les tissus informes. On sent un laisser-aller, un je-m-en-foutisme concernant l'image de soi, concernant sa propre estime. Une nonchalance évidente par rapport à ce que pensent les autres.
C'est ce décalage qui nous amuse et crée la surprise.
Il faut comparer ce qui est comparable
Comme je disais précédemment, j'ai réfléchi longtemps à ces images, qui m'ont fait rire, puis mis un peu mal à l'aise. Quelque chose cloche...Mais quoi?
Eh bien oui: on ne peut pas comparer des images de magazine de mode avec la vie réelle. Point Numéro 1!
Si l'on voulait comparer les deux époques, il faudrait comparer des situations beaucoup plus proches dans le contexte.
Abordons cette démarche:
Comparons d'abord des photos de mode féminines 1950 /2020
OUF! l'honneur est sauf... les poses sont plus naturelles, et les modèles moins guindés et plus diversifiés mais les femmes peuvent toujours être belles et féminines en 2021. 50 ans après, on assure toujours, les filles, malgré ce que l'on veut nous faire croire. Hauts les coeurs!
Pour allez plus loin, amusons nous maintenant à comparer la femme "de la rue", la femme qui va en courses, en 1950 et 2021.
Bon alors là, ok, on a perdu un peu de classe...Si les femme des années 1950 sur cette image sont moins apprêtése que dans les magazines, on voit quand même que les tenues restent féminines. La jupe et les talons restent la norme (le pantalon étant interdit aux femmes).
Ce qu'on peut souligner aussi c'est que la photo de droite exagère un peu la mode actuelle. Je n'ai vu que rarement des jeans dans un tel état et même si les jeans sont un peu troués, ils sont en général accompagnés d'un joli haut plus féminin pour contre-balancer.
En conclusion, voilà ce que je pense de ce premier lot d'image du "gap générationnel": On a volontairement élargi le gouffre, on comparant des images non comparables. Mais on peut le dire quand même, le résultat est amusant et c'était le but!
Voudrait-on revenir en arrière?
Ainsi, la première impression qui se dégage de ces photos mises en concurrence, c'est la surprise et l'amusement. On tombe des nues, on se dit "c'est dingue!". Et il faut se rendre à l'évidence : les jeunes femmes ont perdu le goût de mettre en valeur leur féminité. C'est à ce moment que l'on regrette le passé, un dernier coup d'œil à la superbe femme à gauche, et on sent qu'on aurait aimé vivre à cette époque où les femmes étaient si belles...
Vraiment?
Je me sens toujours mal à l'aise ne pensant aux femmes des années 50, (et aux générations précédentes) car certes, elles nous font rêver. Et je crois que c'est le but. Tout cela n'est qu'une image. Toutes ces femmes souriantes, à la coiffure figée, aux tenues impeccables cachent, selon moi, une souffrance intérieure immense.
A cette époque, on était épouse, mère, ou secrétaire si l'on pouvait travailler. Et tout devait sembler parfait pour son mari, ou pour son patron. Tout tournait autour du bien-être des hommes. Les femmes devaient être plaisantes à regarder en toute circonstances, elles devaient être de bonne humeur. Leur apparence, leur maison, les repas devaient être parfaits.
Je me revois, jeune fille, regardant avec stupeur le "manuel domestique" de ma grand-mère, écrit par sa main, à l'école, pour apprendre comment tenir son foyer et être une bonne épouse. Ca a déclencher chez moi une révolte intérieure que je garde toujours vis-à-vis de ses femmes si soumises, et contraintes de sourire. Elles ont tant accepter pour satisfaire des hommes pas toujours reconnaissants ni même conscients de leurs sacrifices.
Alors finalement, c'est ce que je vois sur ces images: d'un côté, des images de femmes magnifiques mais faussement heureuses, enfermées dans le carcan de leurs corsets. De l'autre, des femmes libres et naturelles...
Lisez tout de suite l'épisode 2, sur les hommes politiques! Il est disponible ici